Un peu d'éthique

Une association telle que Grand Largue, qui fonctionne exclusivement par le bénévolat, doit conserver des valeurs et une éthique sans lesquelles elle serait amenée à disparaître ou perdre tout son sens. A Grand Largue, nous nous imposons des comportements respectueux, de la nature, du matériel et des personnes, mais aussi des lois, règlements et traditions de la marine.

Ce sont ces valeurs de partage, de solidarité et de transmission de compétence qui ont fondé l'esprit de Grand Largue et l'on amené à attirer plus de 250 adhérents. Le respect de ces valeurs se traduit par les chartes que vous pouvez consulter.

 (*) CdB = Chef de Bord


Charte de l'éco-grand-larguais:

[JPG] mer_poubelle [JPG] mer_propre

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L'association Grand Largue, ses chefs de bord et ses adhérents s'engagent à préserver le milieu marin, et concrètement a:

  • ne pas pénétrer dans les zones protégées, et à observer les animaux sans les toucher, ni les déranger, ni les nourrir,
  • privilégier l'utilisation des corps morts et mouillages installés, et dans le cas de mouillage forain à rechercher des zones sableuses pour l'ancrage,
  • respecter la limitation de vitesse près des ilots et dans les chenaux d'accès,
  • limiter la pêche aux espèces et aux tailles autorisées, dans la limite des besoins pour la consommation à bord,
  • limiter la consommation d'eau à bord, et à ne pas épuiser les réserves d'eau des iles et des zones arides,
  • utiliser des produits d'entretien, savons, détergents, shampooings biodégradables, sans tensioactifs et avec un éco-label,
  • ne rejeter aucun déchet ni hydrocarbure en mer,
  • utiliser, pour les déchets, les containers à terre en respectant le tri sélectif,
  • utiliser les WC marins uniquement loin des côtes, à collecter les eaux noires et à utiliser au port les installations sanitaires portuaires,
  • utiliser des peintures et antifouling respectueux de l'environnement, et à caréner dans les zones portuaires spécialement équipées,
  • respecter la législation en matière de protection de l'environnement et à promouvoir les gestes éco-marins auprès des autres plaisanciers et des ports de plaisance.

L'association Grand Largue est signataire des chartes suivantes :

[JPG] eco_gestes

http://www.ecogestes.com/

 

[PNG]  eco_mer

Chaque adhérent de l'association Grand Largue a été invité à signer cette charte sur le cahier d'engagement.


Le comportement à bord

Gestion Quotidienne du bord, prévention des conflits d’équipage

« Naviguer est une activité qui ne convient pas aux imposteurs. Dans bien des professions, on peut faire illusion et bluffer en toute impunité. En bateau, on sait ou on ne sait pas. »

Eric Tabarly, Mémoires du large.

Introduction

La gestion de son équipage est certainement l’une des choses les plus difficiles à gérer en tant que chef de bord. Appréhender le « facteur humain » demande une expérience de navigation et une expérience humaine qui s’acquièrent au fil des années et des milles parcourus. Ce cours a pour objectif de fixer quelques idées clés à garder à l’esprit en croisière.
Comme souvent en bateau, on cherchera à travailler sur la prévention en ce qui concerne les conflits et plus généralement la gestion des relations à bord.

Le chef de bord

Responsabilité du chef de bord

Le chef de bord est le capitaine du navire au sens du droit maritime dans la mesure ou il est la personne qui « en fait, dirige le navire ou l’engin ». Le commandant du navire, technicien de la navigation maritime, a pour mission de le faire naviguer en sécurité « en bon père de famille » (notion de droit). Il doit donc assumer sa responsabilité en toute circonstance et prendre les mesures nécessaires au bon déroulement de la navigation. Pour exemple, le capitaine peut décider de consigner ou mettre au fer un équipier. Il devra évidemment s’expliquer lors de son retour à terre (rapport de mer) et justifier ses décisions devant un tribunal le cas échéant.

Rôle et autorité du chef de bord

Le chef de bord doit jouir d’une certaine autorité sur son équipage pour pouvoir gérer la navigation.
Attention : autorité ne signifie pas despotisme ou autoritarisme. Tout en s'efforçant de répondre aux attentes des stagiaires le chef de bord reste maître des décisions " Un despotisme éclairé vaut mieux qu'une démocratie obscure ".·

On ne décrète pas son autorité : ce sont les membres de l’équipage qui donnent / reconnaissent l’autorité du chef de bord. Il est difficile de se positionner lorsque que l’on a 20 ans et que l’on doit « skipper » un équipage composé « d’adultes ». L’autorité repose sur les qualités de techniciens et de marins (en dernier recours : quelques heures de près pour calmer un équipage retord, quelques exercices de cartes en mer pour calmer le stagiaire qui teste en permanence le skipper sur ses connaissances théoriques, etc.).

Tout autoritarisme (excessif) discrédite le chef de bord. Certaines décisions ne se discutent pas (concernant la sécurité notamment : ex du port du harnais) mais doivent être expliquées, justifiées pour être comprises et acceptées par l’équipage (laisser les stagiaires faire une exercice MOB dans de fortes conditions de vent et de mer).

La règle d’or de la communication

L’émetteur (le chef de bord / pédagogue dans ce cas) est toujours responsable de la bonne compréhension de son message.

Organisation de la croisière

1 : La vie en mer

« Un marin, c’est quelqu’un qui respecte l’autre dans tous les cas »
Citation tirée d’un document de l’AFCAN (Asso Française des Capitaines de Navires).

De nombreux facteurs favorisant les conflits se combinent : fatigue, mal de mer, stress, peur, inconfort, promiscuité, sentiment d’enfermement.

Les stagiaires ne connaissent généralement pas la vie en mer : ce « savoir-être » est une partie intégrante de leur apprentissage. Gérer les contraintes de la vie est bord prend du temps et demande une grande expérience que n’ont généralement pas les stagiaires qui ne naviguent que quelques semaines par an.

C’est donc au chef de bord de gérer les conflits, cela fait partie intégrante de son rôle.

2 : Gestion pratique des stagiaires

La croisière est un moment de détente et de plaisir très attendu par les stagiaires. Il convient de gérer au mieux son équipage pour qu’il soit pleinement satisfait (ce n’est pas un séjour commando) tout en intégrant les contraintes du bord qui vont parfois à l’encontre des désirs individuels de chacun.

Evaluer/Jauger son équipage

La vie en croisière est basée sur un système d'utopie. Chaque personne embarquant sur le bateau s'est créé auparavant une image de la façon dont la croisière va se dérouler . Il faut donc très rapidement que tout l'équipage soit mis au courant avec précision du déroulement du stage.


Pour cela :

  • faire un tour de table et noter les attentes de chacun , évaluer/se faire une idée des représentations de chacun, connaître leurs expériences. Chaque personne possède son expérience propre qu'il convient de respecter.
  • rappeler les objectifs du stage : la croisière s'est organisée sur un programme qu'il faudra respecter ( il est impossible de répondre aux souhaits de chacun ) . Ce " contrat " de départ quant aux objectifs ou au projet de croisière est ce qui a rassemblé l'équipage et son respect est essentiel à la réussite de la croisière.
  • dire tout de suite ce qu'il ne sera pas possible de réaliser fixer honnêtement les limites ( par exemple naviguer de nuit pour un stage débutants )

Définir les règles du jeu

Il vaut mieux mettre une certaine rigueur au départ quitte à l'assouplir ensuite.
Le chef de bord doit être capable d’assumer seul toutes les tâches du bord pour prendre en charge ce que les équipiers ne peuvent pas faire (fatigue, mal de mer, etc.). Attention, le chef de bord devra toujours garder le recul nécessaire et des réserves pour intervenir efficacement en cas d’événement ou de complication en cours de navigation (dégradation des conditions météo, problème matériel, problème humain).
Garder à l’esprit que chacun à des forces limitées et besoin de se reposer : gérer son effort sur la durée est une des qualités principales d’un bon marin.
Des règles doivent être établies concernant :

  • le service du bateau
  • le respect individuel et l'accord entre les personnes.

Il faut prescrire des règles pour le service du bateau. Un tableau de quart affiché à l'intérieur du bateau indique quel est l'équipier qui est en charge de :

  • la navigation
  • la cuisine
  • l'entretien – rangement – vaisselle.
La navigation

C'est un rôle extrêmement important . La législation impose la tenue d'un journal de bord permettant de retracer les évènements essentiels de la navigation. Notamment la prévision météo et le temps observé. Particulièrement en Méditerranée où la prévision à moyen terme est difficile à établir il faut se tenir informer en permanence d'une évolution possible du temps.

La position, le cap suivi et la vitesse doivent être notés à intervalle régulier. En école de voile on se donne pour principe de le noter au moins toutes les heures rondes. Ce journal est un document officiel qui doit être tenu à l'encre et pourra être présenté aux autorités en cas d'accident ou de contrôle.

Si l'équipier en charge n'est pas capable de tenir le livre de bord dans les conditions du moment le chef de bord le remplace.

La cuisine

Le cuisinier est au service du bateau et au service de l'équipage. Il contribue fortement à la bonne humeur du bord . Dans un univers où il y a souvent plus d'hommes que de femmes les talents culinaires de chacun sont souvent très différents et ce poste est révélateur de la bonne volonté du cuisinier du moment à se surpasser pour le plus grand plaisir de ses co-équipiers.

La nourriture est un élément extrêmement important de la vie à bord. La liste d'approvisionnement a été élaborée en commun , des menus ont été proposés . On sait que sur un bateau on mange souvent alors il faut s'organiser pour que les repas soient prêts à temps. Si on prévoit une journée en mer agitée à cause de la météo il est prudent de préparer le repas de midi avant de quitter le port.

Et là encore le chef de bord doit être capable de remplacer un équipier défaillant.

L'entretien – rangement – vaisselle.
Poste capital et souvent source de discorde . Si on ne met pas de l'ordre dans le bateau ça devient très vite le bdl .En premier lieu , avant de quitter le port , veiller à ce que tout soit bien rangé à bord , les hublots verrouillés , les équipets fermés , les vannes des WC , lavabos , éviers fermées également. L'entretien consiste en une multitude de tâches de contrôle et de réparation . Vérifier le niveau d'huile du moteur , la tension des batteries , le plein d'eau des réservoirs , faire une inspection visuelle de l'accastillage du pont : la fixation des filières , des balcons , des manœuvres courantes.La vaisselle sale ne doit jamais traîner dans le bateau . Il faut nettoyer le plus rapidement possible après le repas Il y deux théorie sur la vaisselle : la théorie de la vaisselle sale et la théorie de la vaisselle propre : Il y a des équipages qui disent , on verra plus tard , on fera la vaisselle au port . Et la vaisselle sale traîne partout on ne sait plus ou la mettre . Il y a des équipages qui systématiquement nettoient la vaisselle après usage. Les deux équipages passent exactement le même temps à faire la vaisselle mais l'un navigue sur un bateau toujours en désordre et l'autre sur un bateau toujours rangé .
De même près une nav de nuit on retrouve de tout dans l'évier de la cuisine et celui qui se lève au petit matin pour préparer le petit déjeuner est contraint de faire la vaisselle avant. Certains chefs de bord râlent : " l'évier n'est pas une poubelle " et ils ont raison.
Le respect individuel et l'accord entre les personnes.

Le premier jour tout va bien , tout le monde est content de partir en mer. Ensuite …
Pour essayer de prévenir les sources de conflit au sein d'un équipage il faut absolument faire un débriefing tous les soirs , prévoir des moments où chacun peut s'exprimer librement ( l'apéro est un moment de détente privilégié qui permet de faire le point dans la bonne humeur ). Qu'est-ce qui a bien fonctionné aujourd'hui ? Qu'est-ce qui a moins bien marché ? Qu'est-ce que l'on pourrait améliorer ?
Et édicter très vite les trois règles suivantes :

  • nous sommes tous " apprenants  : "Même le chef de bord qui navigue depuis 40 ans a encore quelque chose à apprendre . La technique évolue , il y a toujours un nouveau GPS , un nouveau lecteur de cartes , un nouveau système de prises de ris , ce qui est connu s'affine ( sensations ) … :

  • nous sommes tous " solidaires – polyvalents " : Le comportement humain évolue . Le climat évolue . Nous avons tous quelque chose à apprendre du contact avec les autres et avec les éléments. Il arrive parfois qu'un équipier dise à la fin d'un stage : je n'ai rien appris . C'est faux , même inconsciemment nous accumulons des expériences qui nous permettront de réagir plus tard lorsqu'une situation similaire se présentera.
    Nous sommes en apprentissage sur un stage. Même si c'est la barre qui nous intéresse le plus nous ne la monopolisons pas .
    Le comportement de chaque équipier au sein d'un même équipage peut grandement contribuer à la bonne entente du bord. Celui qui spontanément vient proposer son aide à celui ( ou celle ) qui a du mal à attacher les pare battage ou à préparer une aussière pour l'arrivée au port fait progresser l'ensemble du système : non seulement il a rendu service à un membre de l'équipage mais il a donné l'exemple aux autres qui pourront faire de même dans d'autres occasions.

  • nous respectons l'autre : C'est le plus difficile : Nous sommes ensemble dans un espace restreint et plus la durée de la croisière augmente plus la taille du bateau semble rétrécir . Il y a l'exemple célèbre de deux très bons copains qui embarquent ensemble pour traverser l'Atlantique sur un 6,50 m à l'époque où la mini-transat pouvait se courir en double. Pour une broutille qui passerait totalement inaperçue à terre l'un des bons copains a sorti son couteau et ça s'est terminé par l'évacuation du blessé par l'assistance de la Mini-Transat. Pourquoi en arrive-t-on à de telles situations ? Sans doute parce qu'en mer on a souvent à gérer des conditions difficiles et que notre caractère évolue en conséquence. Il faut donc établir une certaine codification en sachant que plus c'est conflictuel, plus il faut codifier. Un exemple de codification : On peut décider qu' avant chaque demande qu'on fera à l'un de ses co-équipiers on dira : " S'il te plait " . Déjà ce simple début de phrase adoucit le propos.

" Un peu d'humour SVP ! "

Face à cette vision un peu sévère de la vie à bord un certain sourire est nécessaire pour détendre l'atmosphère parfois un peu tendue. Il faut savoir dédramatiser , relativiser . Essayer de prendre un certain recul , ne pas réagir trop spontanément .

Certes il ne faut pas laisser les situations pourrir , il faut les exposer , essayer de les mettre à plat même si l'on n'a pas de solution immédiate.

Soyons bien conscient qu' on n'échappe pratiquement jamais aux conséquences de ce que l'on fait .